Les attentats du Daghestan, un défi au pouvoir interne de Poutine

Emanuela Ricci

Magomed Omarov, le patriarche de la famille, représente l’exemple parfait de loyauté absolue envers le président Poutine. Ancien chef du Kolkhoze et secrétaire à la jeunesse du PCUS à l'époque soviétique, Magomed est devenu plus tard un homme d'affaires et un homme politique influent. Président de la banque locale puis secrétaire provincial de Russie unie, maintient une base électorale solide depuis 14 ans.

source le Wall Street Journal

Malgré sa carrière impeccable et son engagement politique dans la lignée de Poutine, sa famille a cependant pris une direction radicalement différente. Deux de ses fils, Osman et Adil, ainsi qu'un neveu, Ali, figuraient parmi les terroristes responsables des attentats de dimanche. Les deux autres kamikazes étaient des amis proches des Omarov, qui ont tous grandi à Sergokala sous l'influence de Magomed.

Osman, 31 ans, a abandonné son club et une carrière bancaire prometteuse pour rejoindre la cause jihadiste. Adil, 37 ans, diplômé en droit, a quitté son entreprise d'entretien des réseaux d'eau pour poursuivre le paradis promis aux martyrs du jiadhisme. Ali, le neveu, Ancien chef de la section provinciale du parti Russie Juste, a incendié une synagogue et a écrit des versets du Coran sur les murs, embrassant le wahhabisme, l’un des courants les plus fondamentalistes de l’Islam.

La radicalisation de ces jeunes descendants met en évidence une tendance inquiétante dans la Russie de Poutine. Alors que le président a consolidé son pouvoir en troquant la démocratie contre la sécurité, l’attention actuelle portée au conflit ukrainien semble avoir affaibli la sécurité du pays. Le silence de Poutine après l'attaque et l'absence de revendications de la part d'ISIS-K, qui a pourtant fait l'éloge des assaillants, soulignent la complexité de la situation.

Ces attaques, perpétrées par des membres de la classe dirigeante et non par des recrues désespérées en ligne, comme dans le cas des immigrants du Tadjikistan qui ont attaqué l'hôtel de ville de Crocus en mars, représentent un défi de taille pour le gouvernement russe. La menace intérieure de radicalisation parmi les jeunes riches est un phénomène qui pourrait déstabiliser davantage la région et mettre à l’épreuve l’emprise de Poutine sur le pouvoir.

Russie unieLe parti de Poutine continue de vanter la nécessité d'un pouvoir absolu pour combattre les « nazis ukrainiens » et les « fanatiques islamistes », mais les événements récents démontrent que le problème est plus profond et plus enraciné que ne le pensent les dirigeants du parti. Si les fils d’un secrétaire provincial influent choisissent la voie de la destruction de leur pays, il y a manifestement quelque chose qui ne va pas profondément dans le système.

La Russie a besoin d’une sécurité intérieure forte et crédible car elle doit se concentrer sur des affaires internationales qui la voient directement impliquée dans une guerre et victime de sanctions économiques de plus en plus sévères, avec un processus de paix qui peine à démarrer dans la direction espérée par les deux parties. déclencher. A l'horizon, les prochaines élections présidentielles américaines pourraient cependant constituer le véritable tournant dans un sens ou dans l'autre, c'est-à-dire vers la paix ou vers une inéluctable escalade.

Les attentats du Daghestan, un défi au pouvoir interne de Poutine