En 2025, la politique commerciale du président réélu Donald Trump est revenue au centre des débats internationaux. Le magnat a relancé une ligne dure contre ses partenaires économiques mondiaux, notamment l'Union européenne et la Chine, réactivant une saison de tarifs douaniers qui risque d'exacerber une fois de plus les relations multilatérales. Mais quelle est la part de vérité dans le discours américain sur le déséquilibre commercial ? Et quels sont les risques réels pour les économies concernées ?
Emanuela Ricci
Selon l’administration Trump, l’Europe a profité des États-Unis en imposant des droits de douane plus élevés, alimentant un déficit commercial que l’Amérique ne peut plus tolérer. Le raisonnement – simple à première vue – est en réalité le résultat d’une calcul sans base économique. Comme l'explique l'économiste Antonio Villafranca, vice-président de la recherche à l'ISPI, dans les pages du Corriere della Sera, la Maison Blanche a construit sa formule en divisant le déficit commercial États-Unis-UE (235,6 milliards de dollars en 2024) par le total des importations en provenance des États membres (605,8 milliards), obtenant 39% et proposant ainsi des droits moyens de 20%.
Mais les données réelles racontent une histoire différente : Le tarif moyen appliqué par l'UE aux marchandises américaines est de 5 %, et si l’on considère les secteurs de produits les plus pertinents, le taux tombe à un peu plus de 1%, même inférieur par rapport à la moyenne appliquée par les USA aux produits européens. Donc, pas d’« invasion commerciale », mais un déséquilibre plus complexe.
Les véritables barrières ? normes européennes
Le deuxième point majeur contesté par Trump est le soi-disant barrières non tarifaires, comme je normes environnementales, sanitaires et numériques imposées par l'UE. En effet, Bruxelles a adopté des règles strictes sur de nombreux produits, non seulement pour protéger les consommateurs, mais aussi pour protéger les entreprises européennes de la concurrence déloyale. Dans le secteur numérique, par exemple, l’Europe tente d’équilibrer la domination des Big Tech américaines avec des règles sur la confidentialité et l’utilisation des données. Mais là aussi, les chiffres démentent les dommages allégués : L'UE accuse un déficit de 109 milliards d'euros dans les services, dominé par les Big Tech américaines, qui continuent de prospérer sur le marché européen.
Les effets sur l'économie réelle
Les conséquences des mesures protectionnistes ne sont pas du tout indolores. Selon des estimations indépendantes, une famille américaine pourrait payer jusqu'à 2.100 XNUMX $ de plus par an en raison de l'augmentation des prix causée par les tarifs. Pour l’Italie, l’impact sur les comptes pourrait dépasser un demi-point de pourcentage du PIB sur la période triennale 2025-2027, comme le rapporte la Banque d'Italie. Et il ne s’agit pas seulement d’effets bilatéraux : la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, par exemple, pourrait pousser L'Europe va recevoir une vague d'importations chinoises à bas prix, avec des conséquences pour le secteur manufacturier.
La réponse européenne : taxe numérique et nouveaux droits d’accise
Pour tenter de rééquilibrer la situation, l’Union européenne envisage désormais une nouvelle forme de taxation : droits d'accise numériques. L’idée, développée par des universitaires et des groupes de réflexion, est de taxer lesextraction de valeur numérique comme on le fait avec les ressources naturelles. En pratique, traiter le les données personnelles comme le pétrole : un bien extrait d’une juridiction, qui génère des bénéfices et doit donc être taxé.
Le modèle s’inspire du « Pilier 2 » de l’OCDE, déjà adopté en Europe, qui prévoit une Impôt minimum mondial de 15 % pour les multinationales, mais tente désormais également de réactiver le « pilier 1 », bloqué par la résistance américaine. Pendant ce temps, certains pays européens – y compris Italie, France, Royaume-Uni et Canada – ils ont maintenu le taxes nationales sur le Webmalgré le menaces de droits de douane jusqu'à 50 % de Washington.
Cependant, tout le monde n’a pas résisté à la pression américaine. LE'Inde, pionnier de la taxe numérique en 2016, a récemment annulé sa taxe de 6% sur la publicité numérique pour éviter les tensions avec Washington. Un geste qui montre à quel point le terrain de la fiscalité numérique est délicat. Pendant ce temps, sur le plan judiciaire, une affaire symbolique s'ouvre en Italie : Meta est accusé d'évasion fiscale pour 887 millions d'euros. Selon la Guardia di Finanza, l’échange entre les services numériques et les données des utilisateurs représente un « échange » imposable, tandis que l’entreprise conteste l’ensemble du dispositif. Le processus aura des répercussions au niveau européen et pourrait créer un précédent dans la redéfinition de la fiscalité numérique.
En bref, le retour des droits de douane proposé par Trump soulève de profondes questions sur la durabilité d’un commerce mondial équitable. Les chiffres sur lesquels se fonde le récit américain sont déformés, et les conséquences des tarifs douaniers retombent souvent sur les consommateurs et les entreprises, non seulement américains mais aussi européens. Face à ce défi, L’Union européenne doit éviter le piège de la réaction instinctive et travailler sur une stratégie commune et innovante., capable de protéger son modèle économique et ses citoyens. Le jeu ne fait que commencer.
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