Feu la Libye, la France veut les élections en décembre à tout prix. L'avis de deux professeurs d'université transalpine

Le conseil présidentiel dirigé par al-Sarraj a chargé la Force antiterroriste de Misrata, dirigée par le général Mohammed Al Zein, d'entrer dans la capitale pour imposer de force un nouveau cessez-le-feu. Pendant la nuit, un premier convoi de 300 véhicules, pick-up et véhicules blindés, est entré dans la capitale, suivi de 300 autres véhicules, dont des véhicules à chenilles. Ils se sont installés autour de l'aéroport international de Mitiga, à 8 km à l'est du centre de Tripoli, essayant de réactiver l'aéroport et prêts à converger vers le sud en cas de besoin. Le retrait quasi immédiat de la septième brigade de Tarhuna, de certaines zones du sud de la capitale conquises hier et lors des affrontements de ces derniers jours qui ont causé la mort d'au moins 47 personnes. La retraite a également eu lieu face à la pression des forces de dissuasion (Rada) qui sont dirigées par le gouvernement d'accord national (Una) dans la région d'al Khala et d'AWadi al Rabia, également dans la partie sud de la capitale. Le mandat donné à la force antiterroriste est celui de "superviser les zones de cessez-le-feu, le désengagement sud de Tripoli et procéder à une transition des pouvoirs pour le contrôle du territoire aux forces militaires régulières d'ici le 30 septembre ».

Alors que les médias traditionnels ne traitent que depuis hier de la question des émeutes en Libye en France Le gouvernement d'Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian visent à organiser des élections nationales en Libye d'ici le 10 décembre.

Ainsi le ministère français des Affaires étrangères, "la situation n'est pas facile, mais si les conditions idéales sont attendues pour les élections, elles n'auront jamais lieu. Plus vous attendez, plus ça empire ».

Les diplomates français pensent que les engagements pris à Paris doivent être respectés et croient en la médiation de Ghassan Salame, envoyé de l'ONU à Tripoli. Les étrangers français affirment également que "il existe une collaboration étroite et constante sur la Libye entre les diplomaties de Paris et de Rome. Et ceci malgré les sorties en salles de certains ministres de l'actuel gouvernement italien. Il n'y a pas de lutte de leadership entre l'Italie et la France là-bas, encore moins à un moment comme celui-ci ».

Le journal La Stampa rapporte l'opinion de deux professeurs d'université français, experts du dossier libyen.

Jalel Harchaoui, chercheur et spécialiste libyen, ne pense pas de la même manière. "Je ne pense pas que les deux diplomates parlent beaucoup. L'Italie, la France et d'autres pays étrangers considèrent également la Libye comme leur terrain de jeu". Harchaoui ne parvient pas à accuser la France d'avoir déclenché les affrontements actuels entre milices dans la région de Tripoli en insistant sur l'organisation des élections ",mais cette attitude a certainement rendu l'atmosphère encore plus électrique". Macron et Le Drian avancent malgré tout. Le ministre des Affaires étrangères Le Drian s'est rendu sur les lieux en juillet, rencontrant une multitude d'interlocuteurs. «Il y a des chefs de nombreuses milices - poursuit Harchaoui -, caractèresvraiment pas très transparent, proche de la délinquance, qui ont eu des contacts avec des émissaires français et surtout avec ceux des Emirats Arabes Unis, très proches de Paris. De cette façon, ils se sentaient plus importants, devenant encore plus arrogants. Ils font partie de ceux qui ont déclenché les derniers affrontements ». Pour le chercheur, «les Français, croyant en cette apparente tranquillité, qui régnait depuis dix-huit mois à Tripoli. La situation, en revanche, dégénère tôt ou tard tant sur le front migratoire que sur celui de l'extraction pétrolière, L'Italie, qui est géographiquement en première ligne et qui, dans le domaine des hydrocarbures, est bien plus présente dans la zone via Eni que la France avec Total perdra plus que la France. ».

Un un autre expert, très proche du dossier libyen, et qui veut rester anonyme, souligne relation privilégiée de Paris avec Haftar«Ce qu'il considère comme le seul capable de vaincre Isis et plus généralement les fondamentalistes islamiques du pays. Si les Français agissent en super partes dans l'affaire, ils parient en fait sur la victoire aux éventuelles élections d'un candidat proche de Haftar ». La même source critique «l'approche descendante des Français, qui veulent négocier avec les chefs présumés et traiter avant tout avec quelqu'un comme Haftar, qui dispose d'une armée efficace.

Les Italiens, en revanche, ont exploité une véritable connaissance du territoire, aussi parce que, contrairement aux Français, ils ont une ambassade ouverte. Ils sont allés voir les représentants des différents villages, faire des concessions et apporter une aide de manière plus ou moins transparente ».

 

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