Un accord bilatéral pour l'enseignement de l'arabe en Italie ratifié avec le Qatar

Ainsi le président de Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni, sur votre profil Facebook: "Le Parlement italien ouvre les portes de la propagande de l'intégrisme islamique en Italie. Un accord bilatéral avec le Qatar a été ratifié hier qui permet à l'émirat fondamentaliste de financer des universités, des bourses, des activités culturelles, des échanges d'étudiants et l'enseignement de la langue arabe dans les écoles italiennes. Nous n'avons aucune objection à conclure des accords commerciaux ou de collaboration avec n'importe quel État du monde, y compris le Qatar, mais ici, c'est une question très différente. CAvec cet accord, nous permettons à un État fondamentaliste qui fait ouvertement du prosélytisme en Europe, y compris à travers les "frères musulmans", de diffuser sa vision fondamentaliste de l'islam dans notre foyer. Une folie que l'on ne comprend pas et à laquelle seuls les Frères d'Italie ont tenté de s'opposer en votant contre au Parlement. Cet accord marque une mauvaise défaite pour ceux qui, comme nous, s'opposent au processus d'islamisation de l'Italie et de l'Europe. Mais nous continuerons à lutter de toutes nos forces pour défendre nos racines classiques et chrétiennes et les valeurs de liberté, d’égalité et de démocratie qui en résultent. ".

Sur le site swissinfo.ch l'enquête intitulée "Qatar Papers - Comment l'émirat finance l'islam en France et en Europe«, Fabriqué par des journalistes Christian Chenot e Georges Malbrunot. Les objectifs et la puissance financière de l'association d'entraide sont décrits Qatar Charité, surtout en Suisse. Il n'est pas certain qu'une stratégie similaire soit en cours en Italie ainsi que dans le monde occidental.

Pour mener leurs recherches, Christian Chenot e Georges Malbrunot elles étaient fondées sur une fuite interne d'il y a deux ans d'une ONG financée par la famille royale du Qatar, la Qatar Charity. Dans l'intervalle, ce soft power religieux est ralenti par la guerre voilée que les États du Golfe ont lancée contre leur petit voisin.

L'enquête consacre un chapitre à la Suisse, où l'ONG aurait investi plus de 4 millions de francs entre 2011 et 2014 dans cinq projets d'organisations musulmanes à Prilly (canton de Vaud), Bienne (Berne), La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel) et Lugano.

Swiss.ch a interviewé le journaliste Malbrunot, l'un des deux auteurs de l'enquête.

Que pensez-vous des premières réactions après la publication de votre enquête?

Il n’est pas possible d’éviter la reprise politique par différents cercles. Il y a actuellement une guerre latente entre le Qatar et ses voisins. Ces derniers profitent de l'enquête car elle confirme, selon eux, les craintes et les accusations portées contre le Qatar. Cependant, les sympathisants des Frères musulmans nient ou minimisent les faits que nous avons rapportés. Mais nous ne nous engageons pas dans ce genre de débat. Le nôtre n'est pas un livre contre l'islam. Il ne dit pas que les associations islamiques sont des centres de jihadistes. Il ne dit pas non plus que le financement non couvert est illégal. Nous présentons les faits. Notre enquête met en garde contre les dangers que représente ce prosélytisme lié aux Frères musulmans en Europe à travers les canaux de la Qatar Charity. Le but de ce mouvement est d'adapter la common law à son principe d'islam politique. En fin de compte, cela favorise le communautarisme.

Le Qatar agit-il différemment de l'Arabie saoudite en voulant influencer l'Europe?

Sous la pression des attentats du 11 septembre 2001, l'Arabie saoudite a fait profil bas et fait des efforts. Le royaume collabore sur ces questions avec les pays occidentaux. Mais le financement des mosquées ou autres se poursuit, même s'il s'agit officiellement d'initiatives privées. Le Qatar a profité de son désengagement relatif pour gagner en influence et devenir un acteur majeur du marché islamique en Europe. Il le fait avec la Turquie, qui est son alliée et le dernier acteur à arriver sur le marché islamique européen. 

En Suisse, en effet, les musulmans sont principalement d'origine turque ou balkanique ...

Il sera intéressant d'observer sur le terrain si et comment les liens sont établis grâce aux fonds qatariens qui pourraient être mis en œuvre par le personnel turc. Si la Turquie d'Erdogan est proche des Frères musulmans, la pratique turque de l'islam est spécifique, différente de celle du Qatar et des pays arabes. 

Le prosélytisme du Qatar fait-il alors partie de la lutte des dirigeants pour l'islam sunnite?

C'est en effet l'un des facteurs de la lutte d'influence entre l'Arabie saoudite et le Qatar en Europe et ailleurs, en Afrique et en Asie. L'avantage du Qatar, du moins en Europe, est qu'il se connecte aux réseaux des Frères musulmans, qui sont très bien organisés. Cette situation permet au Qatar de suivre son financement et de contrôler l'utilisation des fonds. Contrairement aux réseaux salafistes soutenus à l'époque par l'Arabie saoudite. 

Selon elle, ce réseau qatariota vise à créer les bases de la création de micro-entreprises dans les pays européens. Pour de vrai?

Oui et ça nous a frappé. C'est une constante comme le montrent les documents internes. L'un des objectifs de la Qatar Charity, exprimé dans le programme Al-Ghaith dirigé par Cheikh Ahmad Al-Hamadi, est de garantir la diffusion de l'identité islamique en Europe et dans le monde. Il s'agit de construire des mosquées conçues comme des centres vitaux avec, si possible, des écoles, des centres commerciaux, des crèches, des centres funéraires, des services médicaux, sociaux et résidentiels. L'individu musulman est donc accompagné de sa naissance à sa mort dans le cadre de l'islam global promu par les Frères musulmans. Nul doute que ce sont des contre-sociétés qui favorisent le communautarisme. À moyen terme, cela pourrait devenir dangereux.

Votre enquête donne l'impression que les gouverneurs européens peinent à trouver des réponses à ce prosélytisme, quel que soit leur rapport à la laïcité ...

À une exception près: le Royaume-Uni est favorable à ce type de communautarisme. Pour cette raison, Qatar Charity avait établi son siège à Londres. Dans les documents que nous avons obtenus, Qatar Charity déplore les difficultés rencontrées en Allemagne pour ouvrir des écoles musulmanes sous contrat avec l'Etat. En Italie, le gouvernement a répondu avec 8 pour mille, une taxe sur les impôts des associations. La France est engagée dans un débat sur la réforme des religions, dans le but de couper ces financements extérieurs et de garantir la transparence des fonds. Il est vrai, cependant, que chaque pays semble un peu déconcerté. Aucun État n'a connaissance des politiques suivies par les voisins. Et dans chacun de ces pays, il y a des maires qui s'engagent parfois dans la politique électorale ou tentent d'éviter les problèmes en acceptant des projets soutenus par Qatar Charity ou en refusant de trop s'intéresser à ces questions complexes.  

Les réactions sont-elles différentes en Suisse?

En Suisse, les associations ont un statut qui les protège fortement. Il n'est donc pas possible de savoir qui sont les bailleurs de fonds, sauf dans le cas d'une enquête spécifique. Ainsi toutes les associations sont protégées et peuvent recevoir des fonds de droite et de gaucheAprès la publication du livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Qatar Charity a décidé de mettre un terme au financement des institutions religieuses en Europe. La mesure pourrait avoir des conséquences directes sur un projet immobilier de 22 millions de francs qui doit être construit à côté du musée des civilisations islamiques de La Chaux-de-Fonds. Le service RSE:

Depuis le 11 septembre, certains gouvernements comme la France et la Suisse exigent que les musulmans s'organisent pour désigner des représentants. N'est-ce pas favoriser l'élan prosélytiste du Qatar et des Frères musulmans qui avaient déjà une organisation pour assumer ce rôle? 

En fait, on l'a vu en France avec Nicolas Sarkozy qui a ouvert les portes des Frères musulmans avec l'UOIF (Union des Organisations Islamiques de France). En Italie, c'est l'Union des communautés islamiques d'Italie (UCOII) qui joue ce rôle. Alors qu'en Allemagne, c'est l'IGD, la branche allemande des Frères musulmans. Toutes les personnes qui vont dans ces mosquées pour prier ne sont pas des Frères musulmans. Mais à travers les fonds des associations, le discours politique des Frères musulmans continue de se faire entendre, quoique discrètement. 

Les données que vous avez collectées arrivent jusqu'au début de 2017. La dynamique observée se poursuit-elle?

Non, ils se sont plutôt arrêtés après juin 2017, depuis que l'embargo a été imposé au Qatar par ses voisins du Golfe exigeant, entre autres, la fermeture de Qatar Charity. Le Qatar a donc dû réduire ses investissements. Il a fait un effort, mais parfois il a simplement trouvé des subterfuges. Par exemple, la Qatar Charity de Londres a été fermée pour ouvrir rapidement Nectar Trust, en fait une filiale de Qatar Charity. Les investissements ont diminué, mais pas complètement suspendus. Et de plus en plus de banques, notamment françaises, n'acceptent plus les fonds Qatar Charity. Au Qatar, c'est le bureau de l'émir qui contrôle et gère désormais les flux financiers des ONG du pays. Le problème avec les pays du Golfe est que beaucoup de pression doit être exercée pour obtenir même le début d'une action.

La première expansion de la confrérie

I Frères musulmans ils ont été fondés en 1928 à Ismaïlia, en Égypte, par Hassan al-Banna, professeur et professeur de théologie. L'objectif d'Hassan al-Banna était double: exprimer son opposition à la présence britannique en Égypte et en Palestine et réislamiser la société égyptienne et le reste du Moyen-Orient à travers création de la charia (Loi islamique). Son objectif de diffuser les valeurs de l'islam ne le place pas dans le camp du nationalisme arabe.

La confrérie met en place des structures sociales et associatives, dans le but de éduquer les jeunes générations. Le mouvement s'étend rapidement au-delà des frontières égyptiennes et se développe au Moyen-Orient, notamment en Syrie, Palestine et Jordanie.

En 1954, l'organisation a été interdite par Nasser et de nombreux Frères musulmans se sont réfugiés Arabie Saoudite.

Said Ramadan, gendre et héritier spirituel du fondateur de la confrérie Hassan el-Banna, il s'installe à Genève en août 1958. En 1961, il fonde le Centre islamique de Genève, le premier en Europe dédié à la diffusion de l'islam. Le centre est également la première étape de l'ouverture d'autres centres islamiques dans les principales capitales européennes.

Saïd Ramadan était soupçonné d'être l'auteur du document «Le Projet», un plan de 1982 pour laIslamisation de l'Europe, découvert en 2001 par les services secrets suisses dans la maison de Youssef Moustafa Nada à Campione d'Italia.

Un accord bilatéral pour l'enseignement de l'arabe en Italie ratifié avec le Qatar