Inconnu Sénégal : Elections reportées, la population descend dans la rue, arrestations policières, morts et blessés. Le coup d’État approche !

Massimiliano D'Elia

Le président du Sénégal Macky Sall, très proche de la France, a tenté de rassurer ses dix-sept millions de compatriotes en affirmant que le vote ne pourrait avoir lieu tant que les problèmes qui menaçaient la crédibilité du vote ne seraient pas résolus. L’année dernière, Sall a réitéré son engagement solennel à ne pas se présenter une troisième fois, respectant ainsi le diktat constitutionnel.

Le Sénégal est donc confronté à la pire crise constitutionnelle de ses plus de six décennies d’indépendance. L'adversaire de l'actuel président, Ousmane Sonko, largement suivi par les jeunes, a fini l'année dernière en prison pour des raisons encore floues. La politique de Sonko, selon la majorité gouvernementale, inclut la sortie de la dictature économique du franc CFA (une monnaie soutenue et contrôlée par le Trésor français et toujours utilisée par huit pays d'Afrique de l'Ouest).

La population avait accueilli cette arrestation avec une grande méfiance, mais sans s'animer en attendant de pouvoir voter le 25 février. Avec l’annonce de l’annulation des élections, l’étincelle a déclenché la protestation, poussant des dizaines de milliers de personnes à descendre dans la rue.

La réaction de l'exécutif a été immédiate, déployant des policiers en tenue anti-émeute dans la rue et interrompant Internet et une chaîne de télévision locale critique à l'égard du gouvernement actuel.

Les députés, pour tenter d'apaiser les protestations, se sont empressés d'adopter une résolution visant à reporter le scrutin présidentiel à décembre prochain. Un report de la date électorale qui, selon les observateurs internationaux, cache une stratégie précise du président Sall.

Au Sénégal, nous n’assistons pas à une montée en puissance militaire dans un sens anti-français comme au Burkina Faso, Mali e Niger ou à une insurrection islamiste. Il s'agit de quelque chose de plus profond qui vient de l'intérieur des institutions, ce que l'opposition définit comme un «coup d'État constitutionnel», celle mise en œuvre par l’habile président Sall qui ne dédaigne pas les méthodes totalitaires, comme les arrestations sommaires de masse.

Au moins trois députés, tous alliés du leader de l'opposition, ont été arrêtés et environ deux mille partisans de Sonko sont déjà en prison après les manifestations de l'année dernière, au cours desquelles au moins 16 personnes ont été tuées.

Sonko, 49 ans, a été exclu de l'élection présidentielle après avoir été emprisonné pour diffamation. Il avait déjà été jugé pour agression sexuelle présumée, une accusation qui avait été abandonnée en raison de la faiblesse des preuves présentées au procès, qui s'étaient clairement révélées fausses. Pourtant, même si Sonko avait été neutralisé, le président Sall craignait que le remplaçant désigné de Sonko puisse facilement convaincre son candidat apparemment plus faible, tel qu'un Amadou Ba. On soupçonne en fait que Sall a l’intention d’utiliser le temps jusqu’en décembre prochain pour trouver un autre candidat beaucoup plus fort et un catalyseur pour les votes.

Le favori pourrait être Karim Wade, de nationalité française, ancien ministre et fils d'un ancien président du Sénégal. Wade a été exclu de la course aux élections présidentielles en cours parce que la loi nationale ne prévoit pas de candidat ayant la double nationalité et que le délai bureaucratique nécessaire pour renoncer à la nationalité française est trop long, compte tenu de la date du 25 février. Désormais, avec le report à décembre, Wade pourra remplir les formalités pour renoncer à sa nationalité française même si entre-temps, selon le FT, l'opposant anti-français Sonko sera libéré de prison parce que sa peine pour diffamation a été expiré. Par conséquent, un autre jeu s’ouvrira, espérons-le dans un sens « démocratique », à condition que quelque chose de plus perturbateur se produise d’abord étant donné que, par constitution, le 2 avril, le président Sall perdra formellement ses pouvoirs légaux.

Inconnu Sénégal : Elections reportées, la population descend dans la rue, arrestations policières, morts et blessés. Le coup d’État approche !

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